INFLUENCES

Enfant Lovecraft a des lectures dont on pourrait dire qu’elles ne sont pas de son âge, que ce soit Nathaniel Hawthorne, Thomas Bulfinch ou Coleridge dont il découvre La complainte du vieux marin dans une édition illustrée par Gustave Doré, il a alors six ans ! À huit ans il fait une rencontre décisive pour son avenir de littérateur : Edgar Allan Poe. Il avouera dans une lettre à Bernard Austin Dwyer du 3 mars 1927 que ce fut sa perdition. Ses premiers contes, qui sont arrivés jusqu’à nous, seront fortement marqué par cette influence, que ce soit La Bête de la caverne (1905), L’Alchimiste (1908) ou La Tombe (1917). Style et construction sont typiques du grand Edgar.  »Lorsque j’écris des histoires, Edgar Allan Poe est mon modèle. Je ne choisis jamais des sujets normaux et je traite surtout de sujets surnaturels » (20 01 1916).

En 1919 Howard découvre lord Dunsany, celui-ci ouvre de nouvelles perspectives à son imagination. Il retrouve chez cet auteur les contes de son enfance et lui emprunte l’idée d’une mythologie imaginaire évolutive au fil des récits. Les histoires
dunsaniennes sont regroupées dans le  »cycle des Contrées du rêve ».  »Vraiment Dunsany m’a influencé plus que quiconque à l’exception de Poe – la richesse de sa langue, son point de vue cosmique, son monde onirique lointain et son sens délicat du fantastique, tout cela me touche plus que n’importe quoi d’autre dans la littérature moderne. Ma première rencontre avec lui – pendant l’automne de 1919 – a donné un immense élan à ma façon d’écrire ; peut-être le plus grand que j’aie jamais connu… » (30 07 1923)  »Celephais, Sarnath, Iranon, le Bateau blanc et les autres Dieux […] sont mes œuvres les plus dunsaniennes » (11 01 1923)

Dernier  »parrain » de HPL : Arthur Machen, découvert en 1923 sur la recommandation de Frank Belknap Long et la lecture de The Hill of Dreams.  »Machen est un titan – peut-être le plus grand auteur vivant – et il faut que je lise tout de lui. Mais Dunsany c’est moi, plus un art et une culture infiniment supérieurs. Son royaume cosmique est celui dans lequel je vis ;
ces visions distantes, sans émotions, de la beauté du clair de lune sur d’étranges toits anciens sont les visions que je connais et que j’aime. » (3 juin 1923)  »Il y a chez Machen une extase de la peur que tous les autres hommes vivants sont trop obtus ou trop timides pour saisir, et que Poe lui-même n’a pas réussi à envisager dans son côté anormal le plus nu. » (8 janvier 1924)
À l’auteur gallois Lovecraft emprunte l’idée que le monde visible en contient un autre, invisible et peuplé d’entités de nature indéfinie, d’origine inconnue mais aux intentions hostiles dont certains humains cherchent à se concilier les bonne grâces de manière plus ou moins, surtout plus, violente et sanguinaire. Il le dépassera en sortant du mystère pour entrer dans l’angoisse et la terreur. Chez le premier les ombres s’effacent, chez le second elles l’emportent finalement et détruisent qui les a vues. Howard a structuré en cosmogonie ses créatures, les hiérarchisant et les plaçant proches de nous, il suffit d’ouvrir les yeux au mauvais moment pour les apercevoir, et n’avoir que le temps de le regretter avant de disparaître.
Lovecraft sera également marqué par Oscar Wilde qui, dans sa préface au Portrait de Dorian Gray, souligne l’importance de l’art pour l’art. Nietzsche, Spengler… Lister les auteurs qui le marquèrent, peu ou prou, serait fastidieux. Durant sa période  »léthargique », de 1908 à 1913 la lecture, d’ouvrage de fiction comme de sciences, sera sa compagne la plus fidèle. Les ingrédients se sont mélangés dans son esprit qui sut en tirer la recette d’œuvres plus grandes que celles de ses initiateurs.

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